Photo M.pOOl 2006 (c) ____________________________ Mon ami , mon semblable éloigné , bonjour ! ___ Désolée.... mais vous n’y êtes pas encore… ah ! çà non… vous raisonnez souvent à des années lumière de ce que je pense très habituellement. Une conception du monde et de la vie m’est venue, petit à petit, non en dehors d’une culture et d’une condition matérielle dont je mesure aujourd’hui ce qu’elles ont d’aléatoire et de contrainte conjoncturelle, mais de façon éminemment mentale, comme une rébellion insoupçonnée contre l’ordre très inique des choses perpétré par l’humanité tâtonnante et négligente. Dans mon village mental mondial, il y a toutes sortes de difficultés pour faire cohabiter les contraires et les contrariétés que ça me fait sont innombrables. Je les supporte vaille que vaille, comme la plupart des gens. Certaines images me rendent très coléreuse et je n’aime pas cet état. Etre poussée hors de moi et hors d’une certaine docilité souvent bien utile ne me convient pas. J’aime demeurer méditative et tolérante devant ma fenêtre d’observation. Mais ce n’est jamais bien facile. Il n’y a aucune astuce pour régler la focale et la lumière autrement que ce que l’image m’impose, obturer les volets ne vaut qu’un temps. La vie s’étiole lorsqu’elle est confinée et la vie, il faut bien le reconnaître sinon l’admettre c’est la douleur ambulante ou le plaisir si fugueur et versatile quand il n’est pas inaccessible. Je vois tout cela avec étonnement, ma perplexité m’enveloppe comme une peau à usage unique, je la renouvelle très souvent, elle est trop encrassée pour que je la conserve longtemps au contact sur ma chair à penser. Je la jette au fur et à mesure, sans trop réfléchir, comme pour ne pas me rendre compte qu’elle est presque permanente. Mais je ne me vois pas dupe, ni dupée d’ailleurs. Car je n’aime pas haïr, j’en suis incapable à plein temps et c’est plutôt une bonne nouvelle que j’ai reçue sans broncher. Je crois aujourd’hui que la perplexité est ma seule protection contre l’émotion mise à mal, salement déracinée par une lucidité qui ne laisse pas grand chose repousser derrière elle. L’acidification des pensées est pour moi quelque chose de redoutable. Vous pensez probablement qu’elle est inéluctable, malgré les apparences, je ne vous donne pas mon assentiment. Ce serait bien trop commode pour ceux qui bâtissent leur jouissance sur le spectacle permanent de la déconstruction langagière subie dans l’action et l’urgence personnelles et sociales. Beaucoup à dire là dessus… Mais je vais vous laisser tranquille. Je ne vous demande aucun éclaircissement qui vous obligerait à reconsidérer pour vous même vos propres questions. Je ne vous demande rien d’autre ( et c’est carrément paradoxal) que de conserver quelque chose d’inaltérable dans votre dire intermittent. Je vous embrasse très doucement Votre , de temps en temps et volontairement.